Floralice au Japon. Printemps 2010

Mardi 13 avril. Nous n'avons pas dormi depuis la veille. Nous avions mangé à Little India dans un bouiboui proche de chez Mustapha Center. L'avion décollant vers 6H10, il faut y être avec une heure d'avance. Autant ne pas se coucher.

Le taxi, réservé par téléphone est arrivé au pied de l'immeuble avec 10mn d'avance. 4h20: nous partons pour l'aéroport de Changi, terminal 1. Le conducteur est sympathique et la douloureuse fort légère: 19,80SG$ ou 10€ tout compris avec la majoration de nuit incluse. Douanes sympas.

Delta Airline

La première impression est mauvaise: équipage yankie jusqu'au bout des ongles, y compris pour ses membres japonaises. Ce vol a pour destination finale Mineapolis via Tokyo. L'A330 est aux deux tiers plein. Tant mieux, nous en profiterons au cours du vol pour dormir de tout notre long sur quatre fauteuils conjoints. Las, pendant l'attente avant décollage: la sono diffuse abondamment et à toute volée près de quarante minutes de publicités, ad nauseum, avec les écrans à fond...sans qu'il soit possible de les couper. Le prix de ces vieux trucs étant certainement prohibitif à remplacer, je m' abstiens de lui asséner un coup de grâce dévastateur. Les catalogues duty free feront l' affaire. Sept heures de vol, près de 5500Km, la moitié du Londres-Singapoure. Deux points très positifs néanmoins: - vent dans le dos de près de 150Km/h en Altitude, et une arrivée en avance de près de 45mn - les bouchons de tir de Yuta sont merveilleux. Aussi efficaces que les écouteurs destructeurs de bruit de Sony et plus que les cochonneries de chez Phillips achetées une fortune à London heartrow pour qu'elle puisse avoir les oreilles épargnées.

Arrivée à Tokyo.

Je suis doublement un âne. J'ai activé les raillpass le jour même pour économiser l'express Narita-Tokyo (Nexpress) d'environ 2000JPY par personne, alors que j'en avais besoin pour son dernier jour de validité pour un Nagiso-Kyoto à 8000JPY Au lieu de mettre les 45mn prévue nous avons mis une heure de plus; l'accident voyageur version nippone. Dix minutes après le départ, au passage d'une gare, nous ralentissons jusqu'à l'arrêt. Un message nous informe que le signal d'alarme est tirée. Nous allons repartir après vérifications. Deux minutes plus tard, ils rajoutent après investigations par la police. Bon...J'en profite pour aller chercher forces cachets: climatisations d'avions et rhume font très mauvais ménage, l'oreille gauche est toujours à 10 000m d'altitude: bobo! De retour à mon siège, elle, très pale « ils sont passés par la voie (de notre côté de fenêtre) pour être discrets, mais le coude qui dépassait dans une drôle de position de la bâche...lugubre » Finalement, je cesserai de me plaindre. Pauvre garçon.

Ueno: Une boulette de taille mais difficilement prévisible. Je réserve les billets pour le lendemain à bord de l'Hokutosei. L'expérience de 2008 avait été excellente: compartiment deux personnes en première avec télévision, bureau et penderie, et la place de déambuler. Suite demain pour découvir ce que nous avons eu... Direction le havre du voyageur épuisé: je me souviens encore du chemin à travers le parc, puis les venelles tortueuses et étriqués, qui, évitant les grandes artères, sont bien plus agréables pour arriver au Ryokan. Découverte pour madame des bains japonais. Nous nous endormons épuisés.

Mercredi 14 avril 2010.

Debouts frais et dispos: petit déjeuner pris sur place et...surprise, après son écran de pc il y a trois mois, ma chérie a assassiné celui de son appareil photo...sans viseur optique. Il est donc hors jeu pour la suite du voyage. Il va falloir y remédier, tout comme il manque un adaptateur de prise. Les 30€ de l'aéroport de Paris Charles de Gaulle y étant pour beaucoup.

Passage en tout premier lieu à la poste pour envoyer en tube de 100cm/10cm une photo à la mère de Yuta qui nous a géré toutes les réservations hasardeuses. Coût : 1100JPY. Honnête par rapport à un envoie depuis la France. Et comme depuis notre arrivée: avec la qualité de service qui va avec. Les bagages seront récupéré ce soir pour prendre le train. Le chemin des écoliers nous tend les bras. La colline avec ses vieux temples, ses calmes cimetières (c'est souvent le cas) aux cerisiers en fleurs avec les feuilles vert-naissant des arbres alentours, la petite brise, les nuages de pollen jaune s' échappant des branches des sapins... Petites maisons plus ou moins délabrées ou entretenues, immeubles minuscules, petites gens adorables, épiceries d'un autre âge; le temps semble s'être arrêté. Nous suivons des rues sineuses et arrivons finalement au parc d'Ueno. Le jardin du musée Rodin et son impressionnante porte des enfers nous guide vers les passerelle surplombant le carrefour. Nous descendons plein sud, parallèle à la ligne ?. Echoppes et clients se bousculent au pied de ce viaduc où se tient le marché. Très vivant, presque aucun étranger. L'échoppe de la gargotte du coin nous régale à peu de frais...Heureusement car... Nous avons repris la direction d'Akihabara et sommes tombés sur un magasin de robes et autres accessoires. Résultat superbe, à tout point de vue. Puis découverte d'Akiba, son électronique pour bricoleur fou, ses gadgets et dernières nouveautés à la mode pour neird (hop, un convertisseur de prises à 240JPY!), ses « maids » pour services divers et variés, un petit coolpix pour remplacer le défunt appareil photo du matin même... Faudra revoir le budget...

Retour, toujours à pied. Dilemme à Ueno: cygne à pédales, boîte à savon à l'esthétique discutable (le cygne l'est aussi) type traban ou barque à rames?... Troisième choix: même prix mais durée double, mes cuisses allant bien grâce au vélo, mais mon bedon devant fondre; c'est parti pour près d'une heure de « sport ». Enfin, rebagages direction le quai pour le train de nuit.

Surprise: c'est un compartiment de ... seconde? deux places, certes, mais c'est tout. Très étriqué. Je félicite le concepteur du wagon. Les compartiments sont alternés un: fenêtre et lits en haut, l'autre en bas. De fait, un escalier raide comme une échelle de meunier démarre dès la porte ouverte. Mon crâne s'en souvient encore: le chambranle de la porte est très bas! A savoir donc: voitures pour compartiment de première classe: que la 8, qui devait être complète pour aujourd'hui, et miraculeusement avec une place disponible en 2008! Néanmoins, le train roule, la seule prise disponible et compatible de type fiche japonaise standard est celle de la voiture « loby », qui est planquée derrière la télévision. Le pc tourne et je peux donc taper tout ceci. Minuit vingt, je vais la rejoindre pour dormir. Je profiterai du premier wifi pour tout envoyer sur le blog. Un utilisateur de portable, dentiste ou fan de colle à dentier , doit être dans le train: son wifi non accessible s'intitule « corega ». Il était dans le train Narita-Kyoto également :p

Bon , et bien bonne nuit à toutes et à tous.

Flo.

Jeudi 15 avril 2010.

4h50 du matin. A Paris: 21h00. Les premières lueurs de l'aube laissent apparaître, de part la vitre, les contours mouvants d'un paysage en ombres chinoises sur fond de ciel. Le train avance benoîtement, enchaînant les tunnels. Sommes nous dans le Tohoku, ou bien en Hokkaïdo? Nous rejoignons près d'une heure plus tard le salon. Deux vieux japonais sont installés, dont l'un semble fou de trains. Puis un tunnel, long, sans fin: nous passons sous le bras de mer du détroit séparant le Tohoku d'Hokkaido. celà prend près de trente minutes. Nous en sortons à 6h10. Dilemme. Le restaurant ouvre à 6h30, et nous sommes censés arriver à Hakodate à 6h35 pour un départ à 42. Nous tentons le coup, au pire nous descendrons plus tard et reviendrons en arrière grâce au JrPass. Combien de temps faudra-t-il pour faire le tour de la baie du tunnel à la ville? Dix minutes? Eh bien non; cinquante, ce qui est bon à savoir, et permet de profiter de la vue, superbe, depuis le wagon restaurant. 7h00. Nous voici enfin arrivés. Check-in dans neuf heures. Autant rester au chaud à la gare, le temps de prendre ses repères, recharger les batteries et se lamenter sur l'absence de wifi ouvert. J'oubliais: grand Soleil...neige! Bises à tous.

9h00, de désespoir devant l'office du tourisme encore fermé, nous partons, plein sud, à l'aventure dans la direction du mont Hakkodate. Espérant même le grimper..; .jusqu'à ce qu'arrivent forces bourrasques de neige aux flocons épanouis. Nous logions à présent le marché aux poissons, espérant gravir plus de 300m pour atteindre le sommet. Hormi ce marché de la mer: tout est fermé dans l'attente de la haute saison, ou bien pas avant 11H00. Les bourrasques redoublent, nous regrettons la gare, cherchant le moindre havre de chaleur. Nous passons devant l'auberge kokian, dont l'accumulation de courrier sous la porte prouve son ouverture uniquement estivale. Poursuivant en direction des quais puis leur où redouble un glacial zéphir, nous nous réfugions dans un petit supermarché , seul ouvert à l'horizon, spécialisé dans la nourriture. Nous y découvrons un stand bien fourni en alcools et de poissons et algues séchés ainsi que , oh surprise, des chocolats , petits gâteaux et autres desserts appétissants . Une fois réchauffés et le temps apparemment plus doux nous reprenons notre périple. Nous commençons vaillemment l'ascension ... avant de nous dégonfler lamentablement sous les assaults du vent. Nous abandonnons après un petit tour à l'église, où un des paroissiens rentré en même temps que nous à l'abri après que le prêtre ait ouvert à tous, une fois les enfants de la maternelle déposés par le bus, s'enquiert dans un bon anglais de notre avis sur sa ville. Nous reprenons des forces, ressortons et décidons d'abandonner la montée pour une visite express à la supérette encore fermée vingt minutes avant pour dénicher avec bonheur deux paires de gants en polaire à ... 8€ les deux. Promenade, office du tourisme, d'abord en solo, puis avec l'aide de l'employée qui fournira le seul plan n'étant pas en libre service: celui en anglais. Enfin, direction la poste centrale, sous les bourrasques de neige, afin de pouvoir changer quelques euros. Surprise, le taux est meilleur qu'à Paris (123 contre 121)! Soit l'Europe n'a plus aucun déficit et sort de la crise, soit il s'agit d'un spasme, soit le Japon s'enfonce... En tout cas, celà nous arrange. Enfin, flânant de-ci de-là, évitant tant les KFC que les Mac Donald's, restaurants chinois et autres établissements typiquement japonais où l'écriture même des prix nous interdisait même d'espérer y commander quoique ce soit de part une certaine barrière du langage, nous finissons dans une échoppe du marché aux poissons, clairement prévue pour de grands groupes de touristes...et nous sommes les seuls. Service et courtoisie, gentillesse même, tout à faits remarquables. Nous nous régalons d'oeufs de saumons et d'oursin sur lit de riz. Fraîcheur et coût totalement imbattables. Un véritable régal. Le ventre plein, nous faisons route vers l'hôtel. Choisir le tramway fur terriblement difficile: les deux lignes étant communes sur ce tronçon, et l'annonce des stations étant faite tant en japonais que la langue de celle parfois surnommée la perfide Albion. 14HO10. Bon, hôtel 100% pur béton triomphant, mais une des hôtesses parle correctement anglais. La prononciation de mon prénom semble un véritable calvaire « foullollène » ( l roulés), heureusement, le nom ne leur pose aucune difficulté, Ma douce commence à trouver néanmoins irritant d'être transparente, tant pour les explications que la remise des clefs...La place des femmes au Japon. .. Nous nous effondrons, et émergeons juste avant le dîner.

Ah, le dîner. Parfait. Impeccable, complet, pittoresque, bondissant, fort original, jusqu'à parfois heurter certaines sensibilités pour la fraîcheur la plus absolue qui soit quand à certains des participants au rôle du mangé dans « manger ou être mangé ». Repus, n'ayant même pas la force de monter aux bains, nous contentant de la salle d'eau standard préfabriquée, incluse lors de la construction, nous partons vaillamment sur près de 10h de sommeil.

Vendredi 16 avril 2010. Réveil reposé, avec poursuite de la mise sous perfusion de pénicillines commencée la veille de la miss. Seul bonheur dans son malheur, elle n'aura pas, contrairement à moi, à gérer 10000m de différence de pressurisation. (bobo tympan). 7è niveau (6è étage):les bains. Grands, propres, superbes, déserts à cette heure matinale chez les hommes, une japonaise serviables du côté des femmes pour guider la néophyte japonaisesement analphabète parmi moulte produits de beauté. Petit déjeuner, toujours avec une qualité de service inégalable. Nous passons pour une jeune couple en lune de miel, français de surcroît et ne faisant pas de manières. Nous entendîmes durant ces deux jours, un certain nombre de « kawai ne? » dans notre dos. Prêts pour une journée à travers Hakodate; je règle à Alice son internet, détail qui aura plus tard son importance. Espérant ainsi vous avoir rassurés les uns les autres quand à notre survie via courriels, nous sortons. Plage, jetée, jolies vues, Cinq photos seulement, tout compris. Puis le jardin tropical avec ses singes faisant trempette, sa serre luxuriante, puis direction le tram pour trente à quarante minutes bringuebalantes... Malheur, rage, désespoir, moue immédiate: « j'ai perdu mon porte-feuilles avec mes sous! » Bon, allons-nous faire trente minutes à rebourd? Non, nous appellerons l'hôtel, en espérant trouver quelqu'un qui parle anglais au bout du fil. En bref, détaillé peut-être une autre fois, mais nous ne promettons rien: mont hakodate, jolie vue, coup de fil à l'hôtel, pas d'anglais disponible chez le correspondant, quelques victuailles achetées puis descente par un vallon boisé menant à la ville et non pas celui aux déesses Kanon. Froid et anxiété au comble pour Lilou, passage par le jardin de l'église orthodoxe, l'ancien hôtel de ville, descente au musée intéressant des peuples du nord. Retour en tram direct à l'hôtel, gratifiés d'un « kawai ne? » de plus par des collégiennes ou lycéennes. Soulagement à l' acceuil de l'hôtel: son porte-feuilles intact est dans une enveloppe scellée. Dîner où les crevettes ne sont plus aussi sautillantes, à son grand soulagement. Dodo.

Samedi 17 avril 2010.

Re bains au 7è. Bagages pliés, départ pour le Tohoku. Nos hôtes auront été charmants. Bon, pas de mise à jour du blog non plus, faute d'accès disponible.

Tram pour la gare. Passage au marché aux poissons qui bat son plein et des gens charmants qui nous proposent même de nous aider pour des photos. Une bonne proportions d'entre eux ont du sang Aïnou: grand yeux marron-clair, peau plus blanche, taille au dessus de la moyenne, visage plus eurasien avec des arcades plus marquées, bridage insignifiant des paupières.

Train, dont tunnels, avec arrêt buffet de 20s à une des gares souterraines intermédiares, juste le temps de la filmer par la vitre; changements dont celui de Moriyoka avec une heure de retard.

Puis arrivée à Tazawako: gare moderne et très agréable, beaucoup de bois dans la décoration. Une charmante hôtesse d'acceuil fournit l'horaire en anglais des bus. Nous finissons sous le crachin par prendre celui menant à Nyuto Onsen, son terminus. De-ci de-là, quelques tas de neige éparses. Durant le montée, cela se complique: neige, puis congères. Arrivés à la tombée de la nuit, surprise, le propriétaire de l'onsen Magoroku nous attends en voiture, épargnant l'effort d'un bon quart d'heure de montée supplémentaire. Dîner dans la foulée, simple mais délicieux, malheureusement terni par quatre autres clients portés sur la bouteille. Enfin, j'arrive à persuader le petit animal frileux à venir se baigner. Bain mixte à 20h00, dehors, sous la neige et en pleine nuit, les flocons virevoltant sous les bourrasques dans la lueur des ampoules incertaines. C'est absolument magique.