Obon!
Il fait chaud. La moiteur s'insinue partout, et le bruit des cigales est assourdissant. Le soir s'apprête à tomber et, abrutis par la chaleur, nous décidons de faire malgré tout confiance au Lonely Planet.
Nous sommes logés au Yamazaki Ryokan; ryokan familial qui permet si l'on choisit de résider dans son annexe, d'avoir une vue sur un beau jardin...et une absence complète de couvre-feu, chacun possédant sa propre clef.
L'anglais y est baragouiné de plus en plus efficacement au fil des années par le patron, homme jovial et prévenant. Et nous y trouvons aussi une obasan des plus typiques. C'est elle qui se charge de nous indiquer le chemin pour aller voir le Toriigata (鳥居形) à dix minutes à pieds. Me souvenant de son bléquefatou ( comprendre breakfest) et de ses laïto et léfto ( right & left ): cela ne fait pas un plis, nous partons dans la mauvaise direction en quittant le ryokan. En nous éloignant nous la voyons trois minutes plus tard sortir, nous apercevoir, s'énerver et rentrer à l'intérieur. Deux-cent mètres plus tard, un mini (vraiment mini) utilitaire s'arrête à notre hauteur. Elle s'y trouve comme de juste et nous fait comprendre énergiquement que nous devons monter à bord.
Certains diront que mon style de conduite, quand je m'amuse avec mon bolide de plus de vingt ans d'âge (Renault super 5 de 1987 selon la carte grise), amène les personnes peu habituées à ressentir de vagues nausées et s'accrocher désespérément au poignées; que ses suspensions permettent d'apprécier la moindre aspérité, déclivité ou simple courbe de la route... Soit! Mais je dois dire que monter à bord d'un véhicule roulant à gauche (normal au japon), à fond, avec des passages de vitesses embrayées à en tuer la boîte, des accélérations positives et négatives variant très fortement sous des laps de temps très courts avec des a coups dans le volant à chaque virage voir ligne droite...le tout sans ceinture pour Isa et sur le fond de caisse pour ma part : c'est assez impressionnant et cela forge de solides souvenirs.
Bref, mémorisant autant que possible la route empruntée (il faudra bien revenir à pied une fois tout fini), nous arrivons cinq minutes plus tard à un barrage de police. Dépose des Gaijins, et elle repart.
Une organisation fort claire nous fait comprendre où nous rendre et nous rejoignons le deuxième lac à l'est.
Le jour n'est pas encore tombé, nous nous installons, ainsi que d'autres photographes, couples d'amoureux, familles où vous voyez les barques dans l'angle...qui sont toutes sur le lac, déjà louées. La nuit se fait, la foule arrive, silencieuse; le silence est bruyant du gong et des sutra du temple, par delà le lac. Magique. Les lanternes s'allument, puis sont déposées par milliers sur la rive opposée. Poussées par une brise bienvenues, elles décrivent des arabesques multicolores et finissent agglutinées de par et d'autre, éclairant barques, rives et visages.
Le ciel est d'encre. Soudain, au loin, sur la colline obscure que plus rien ne semblait distinguer du ciel: les feux allumés au crépuscule en quelques points s'étirent à présent puis finissent par former le Toriigata (鳥居形). Sutras, gong, murmures, bruissement de la brise, calme, sérénité.
Les souvenirs plein les yeux, nous rentrons, manquant de nous perdre? Non. Les gens chuchotent, derrière une porte le rire d'un enfant, l'odeur sucrée de la rizière que nous longeons, celle de paille des tatamis du ryokan, le sommeil...
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