Ah, les guides touristiques! Ils ont ceci de merveilleux: ils prennent notre imagination en otage et lui passent des œillères. Des lieux d'intérêts remarquables et variés s'y succèdent avec la déconcertante facilité d'un simple coin de page à tourner. La réalité est toute autre, une foultitude de détails ouvrant alors grands nos quinquets.

Le lonely planet fait partie des fauteurs de troubles. Ses plans, aussi clairs dans certains cas que le plus tarrabiscoté des mandalas sont alors d'un piètre secours. Mais nous aboutîmes à nos fins.

Le commerce de l'eau. Sybiline périphrase toute japonaise. Somme toute moins évocatrice que trottoir, maquereau(elle), fille, troquet, tripots, faunes et métiers interlopes. Nous retrouvons ainsi les métiers de la nuit, en marge voir hors de la légalité. Le temple du bouddha de l'eau ou bouddha moussu leur est dédié. Restait à le trouver.
Œillères: mode "off"! Il faut marcher, tourner la page ne suffit plus. Ce qui semblait évident ne l'est plus. Nous pensons nous rapprocher, les quartiers étant de moins en moins fréquentables. Las nous tombons fort loin. Même le plus optimiste d'entre nous constatera ô combien nous sommes loins de tout. Demi-tour, l'heure tourne mais peu importe, ce sont des vacances. Nous passons par des galeries couvertes désertes, la nuit est tombée depuis longtemps. Près de 22h30 locale. 17h30 en France. Les chalants ont déserté depuis fort longtemps ces passages couverts, galeries commerçantes ou shotengai; seuls les commerçants débarassent les poubelles. Nous ne sommes plus dans une zone touristique. Les magasins sont exclusivement destinés aux autochtones. Repartons vers l'ouest, où la vie existe en dehors des horaires habituels, signe évocateur d'activités tortueuses ciblant en un mot comme en cent les pigeons.

De ruelles secondaires en venelles, aidés par ce pauvre plan et l'écriture japonaise de notre destination, nous finissons , de guide en indicateur bienveillant se mettant en quatre pour nous aider - même si , ironie, il était auparavant occuper à vider la boîte de nuit de manière antipathique - à (bon?) port. A ce sujet, l'innocence doit se lire sur mon visage. Je demande dans ce cas poliment avec un grand sourire, feignant l'ignorance des louches commerces fluctuant derrières les vitres fumées du "private club". Et cela marche fort bien. Dussai-je comprendre parfaitement le japonais, je ne pourrais sans doute plus feindre l'ingénuité désarmante qui rend bien service au touriste dans ces cas là.

La suite en images sous peu.